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une journée bien employée

— Les conseilleurs ne sont pas les payeurs.

— Non, mais écoute-moi, — insista le propriétaire de la Royale Confiance.

— Il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre.

— Tu as tort.

— Et tu n’as pas raison. Tu mangeras du porc et moi du cochon. Et là-dessus, peuh, peuh, adieu notable commerçant, à la revoyure.

Lançant, par saccades, ses jambes fluettes et ses bas de pantalon ballottants, exagérant le port de son abdomen rebondi, M. Plusch entreprit à son tour de regagner son home. L’atmosphère était lourde, parfumée de tous les livarots exposés chez le crémier du bas de la rue Lepic et des montagnes de crevettes de la poissonnerie voisine. Le soleil tapait dur sur les pavés, sur le trottoir et sur le crâne de M. Plusch lequel, bouillonnant de projets et de calorique, avait besoin d’air.

Le président des Embêtés du Dimanche, son couvre-chef à la main, grimpait toujours. Soudain, dans le petit cul-de-sac perpendiculaire à la rue Clémence et qui porte le nom candide d’impasse Blanche-Neige, un écriteau « Appartement à louer », le tint en arrêt. L’idée qui le turlupinait reprit corps. Ses efforts pour faire remonter au gosier le métier rémunérateur qu’Échalote, jusqu’ici, portait beaucoup plus bas, aperçurent leur but. Sans réfléchir à l’inconséquence des événements précipités, il pénétra chez le concierge, s’enquit du prix du

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