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une journée bien employée

traire. M. Plusch le prouve à M. Schameusse, propriétaire du lieu, en ne descendant vers les quartiers du bric-à-brac et de la toilette en solde qu’après un examen minutieux des occasions exposées chez lui. Au surplus, il l’honore d’une estime qui confine à l’amitié. Car M. Plusch, paresseux de nature, a la plus grande admiration pour l’activité des autres. L’intelligence du patron de la Royale Confiance l’intéresse. Il suit les évolutions de M. Schameusse, toujours occupé par ses deux clientèles de femmes et n’achetant aux unes que ce qu’il est assuré d’écouler aux autres. Ses emplettes faites dans le quartier Malesherbes sont revendues aux Montmartroises économes. Ce qui a réjoui l’œil des gentlemen, admirateurs des professionnelles beautés, est encore très suffisant pour l’amour-propre des adolescents désireux de promener leurs maîtresses sur les pelouses des hippodromes parisiens.

Ancien acteur tragique, ayant joué Le Juif errant et Le Courrier de Lyon dans la plupart des théâtres de banlieue, M. Schameusse apporte dans les affaires des finesses de metteur en scène. Il sait prouver à la cliente vendeuse que ses toilettes et ses objets d’art ne sont plus à l’unisson de sa grâce incontestable, et à la cliente acheteuse que rien, plus que la chose marchandée, ne sera efficace au rehaussement de ses charmes trop négligés jusqu’ici. Superbe orateur de boutique, si la dame cherche une jupe et qu’il n’en possède pas, il lui fait l’article pour une paire de chaussures à sa pointure et, si elle veut un chapeau

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