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échalote et ses amants

— Oui, — répondit M. Saint-Pont, — c’est ce que nous pouvons appeler une belle voix pour écrire. Avec une douzaine de répétitions ce sera très suffisant pour tous les Bobinos du monde.

— Alors, peuh, peuh, à quand l’engagement ?

— Ça ne me regarde plus. Dans huit jours nous lui aurons composé un répertoire. Elle sera très bien dans Mes nichons sont des casse-noisettes, Ton p’tit frère grandit encore, Dans neuf mois j’vous dirai c’que c’est. Tu n’auras plus qu’à l’expédier dans les agences.

— All right ! — sanctionna M. Plusch.

En sortant de chez M. Saint-Pont, qui habitait rue Fontaine, M. Plusch, flanqué de la môme Échalote, ne fit qu’un saut rue de Douai où, entre les rues Blanche et Vintimille, une boutique accroche, si l’on peut ainsi parler, l’œil des passants. À la porte, et servant d’écran, le buste d’une femme aguichante, peinte sur toile, semble convier les curieux à une pénétration sans délai. L’étalage, derrière la vitrine, est composé pour exciter plus d’une convoitise. C’est, dans le désordre de la brocante, une théorie de divinités laquées, de brûle-parfums, de jades primitifs, des pipes à opium et de pots à tabac cloisonnés, au-dessus desquels, en guise d’oriflammes, se balancent des robes de la saison dernière, des manteaux un peu démodés et des fourrures intactes. L’enseigne de la maison, collée en lettres d’or au-dessus de la femme peinte : À la Royale Confiance n’est pas pour rebuter le chaland, au con-

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