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échalote et ses amants

réfractaire et économe, venait de s’offrir une compensation en s’accouplant à un chansonnier rosse et hirsute. Saint-Pont traînait sa peine et ses rancœurs. Les cabotines, pour l’instant, lui étaient odieuses et il se vengeait selon ses moyens : en les admonestant comme du poisson pourri aux répétitions et en refusant leurs faveurs, offertes en échange de leçons gratuites et particulières.

Toutefois, par affection pour son ami Plusch, il refréna, puis remisa ses griefs. Échalote était, en somme, une personne sympathique. Il le reconnaissait et l’avouait. Même son parler et sa vulgarité argotiques ajoutaient à son galbe. Il est difficile de garder rancune aux gens pour des insolences dont on a été le premier à rire, d’autant qu’en l’occasion M. Saint-Pont avait été ménagé. Aussi se mit-il au piano dès l’arrivée chez lui du singulier ménage et pria-t-il galamment Mlle Échalote de bien vouloir filer des sons d’après les arpèges du clavier. Les « ah ! ah ! ah ! ah ! ah ! » de Sophie Laquette se présentèrent sans trop de difficulté et avec une relative justesse. C’était suffisant pour les exigences du café-concert où la voix se subordonne aux épaules dodues et aux genoux ronds.

— Et maintenant, — fit M. Saint-Pont, — essayons un petit couplet.

Il lui passa une feuille imprimée de musique, de vers élidés et du portrait en demi-peau d’une étoile de dixième degré.

— Attention à l’air !

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