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échalote et ses amants

les gens bien nés au détriment de la canaille enrichie et prodigue. Oui, j’ai vu ça, moi, messieurs…

— Et ça, l’as-tu vu ? — s’exclama Échalote en faisant au chevalier un de ces gestes soldatesques en faveur dans la cavalerie ?

— Oui, — répondit le chevalier, qui tenait à se mettre au diapason montmartrois et qui avait, malgré ses soixante-dix ans, la repartie prompte, — mais c’était aux colonies et il en cuit à l’exhibitionniste !… d’un coup de sabre, j’en fis un Abélard.

— Et voilà comment l’on apprend à vivre aux cochons dans l’armée ! — conclut le Torpilleur, lequel restait indemne de vices maritimes et tropicaux.

— Dans ce cas, — termina Échalote en faisant un adieu de la main aux convives attardés, — on pourrait convoquer un bataillon de troufions chez Adonis’s Bar, ils auraient de quoi tailler dans le vif.

— Quand nous y conduirez-vous ? — demanda M. Lapaire à M. Plush. — Voilà longtemps que je médite cette initiation sentimentale, mais, pour m’y rendre seul, des dattes ! Nous autres, on n’a qu’un petit capital, et, ma foi, pour aller le risquer…

— Il vous faut une garde du corps. Eh bien, dites votre jour et votre heure, on vous y chaperonnera.

— Ce soir, ça va ?

— Si vous voulez. Venez nous prendre à Cocardasse. Par exemple, je ne conseille pas à M. de Flibust-Pélago de nous suivre. À son âge, de telles tentations…

— Et puis, — répliqua M. Lapaire, — il n’aurait

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