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échalote et ses amants

La petite vira sur ses talons.

— Grue toi-même, espèce de malappris, — lança-t-elle à M. Plusch. — Non, mais on n’a pas bientôt fini de m’insulter, des fois ?

Un rire de nègre interrompit l’altercation. C’était Mme d’Ersigny qui, se croyant déjà au spectacle, y prenait part à sa façon. Elle gloussait avec fracas et défonçait sa chaise par les mille sauts de son buste agité.

— Du calme, — du calme, conseilla M. Lapaire.

— Eh ben quoi, — fit la Bretonne, — on est chez soi ici, s’pas ! on paie, s’pas ? Alors on peut rire, s’pas !

Et elle reprit ses bonds épileptiques.

— Allons, plie ta serviette, on se trotte, — ordonna M. Lapaire, lequel commençait à trouver compromettante une liaison aussi tapageuse.

— Une minute ! — réclama Mme d’Ersigny, qui se mit aussitôt à récolter sur la table commune des morceaux de pain, deux quartiers de pomme et quelques petits fours.

— Qu’est-ce que tu ramasses encore ? — interrogea son amant.

— Eh ben quoi, ce s’rait perdu. J’peux bien penser à mon p’tit quatre heures.

Mme d’Ersigny faisait disparaître, au plus profond de sa poche, les débris d’un déjeuner de dix personnes, cependant que Mme Robinet regardait, avec tristesse, escamoter les croûtons destinés à la pâtée de son dogue bordelais.

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