Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.
échalote et ses amants

et, si oui, sera-ce nous qui profiterons de ses qualités foncières ?

— Lapaire parle d’or, — appuya M. Saint-Pont, — je sais trop, pour leur seriner leurs airs, ce que valent les grues chanteuses. Le plus délicat d’elles-mêmes disparaît vite dans le pince-machin des coulisses, et les applaudissements de la foule sont ennemis de nos galanteries d’alcôve. La cabotine, tout en nous mettant sur la paille, se déclarera notre victime et nous répétera que tous les grands-ducs de la Néva et tous les lords de la Tamise ne demandaient qu’à se ruiner pour elle et à se suicider à ses pieds.

— Parfaitement, — opina M. de Flibust-Pélago. — J’ai beaucoup connu Gérard de Nerval, qui souffrit par une actrice. Oui, messieurs, j’ai vu ça, moi, un homme de talent, un poète chéri des dieux, vivre dans l’ombre d’une courtisane et, finalement, se pendre à une lanterne.

— Et vos petites fesses ? — s’exclama Échalote, pour qui ces discours étaient des coups de pierre ponce sur les nerfs.

— Plaît-il ? — fit le chevalier, qui craignait d’avoir bien entendu.

— Je vous demande si vos petites fesses ont trouilloté dans l’ombre et, fi-na-le-ment, se sont pendues à une lanterne ?

— Échalote ! — s’écria M. Plusch, — ah ! ça, tu deviens folle.

Ce rappel au bon ton eut pour effet d’exagérer la fureur de l’enfant :

* 100 *