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une vocation

— Mais, peuh, peuh, tu as de la voix, — déclara-t-il.

— Tiens, tu ne t’en étais pas aperçu, quand je tirais la voiture avec Chouchon ?

— Blague pas. Que dirais-tu si je te faisais entrer au Casino de Clignancourt ?

La petite le regarda, interloquée.

— Tu te paies ma cafetière ?

— Pas le moins du monde. Le directeur est mon ami, peuh, peuh, avec quelques leçons tu auras un répertoire et il t’engagera.

— Des leçons d’qui ?

— Eh bien et notre Saint-Pont, qu’en fais-tu ?

Maintenant que la conversation de M. Plusch était précise, la petite ne doutait plus. Un septième ciel s’ouvrait à son imagination jusqu’ici prosaïque. Elle s’y voyait, court vêtue d’étoffes scintillantes, les joues enluminées, les yeux passés au kohl, avec un rayon électrique braqué sur sa tignasse.

— C’est possible, mon Mimi, tu crois que j’pourrai faire du théâtre ?

— Du théâtre, nous verrons plus tard, peuh, peuh ; aujourd’hui contentons-nous du beuglant.

À midi, au restaurant Robinet, on fit part à M. Saint-Pont de la découverte d’un galoubet sympathique dans le corps microscopique de Mlle Sophie Laquette.

— Encore, — fit le musicien, — mais il a donc juré de transformer la France en un immense bouiboui ?

Puis, s’adressant à M. Lapaire :

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