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échalote et ses amants

rappeler les conseils du docteur pour convaincre M. Plusch et, si celui-ci n’avait pas pallié sur-le-champ à un état de choses débilitant, c’est qu’il savait son portefeuille chlorotique, lui aussi, et que la maigre pension servie par sa famille ne l’autorisait pas à multiplier ses domiciles. Dans la belle saison les choses se fussent arrangées d’elles-mêmes : il fût parti pour quelque ville d’eaux où, avec la protection des tenanciers de cercles, on fait sans effort une grosse matérielle. Mais l’hiver finissait à peine et plusieurs mois s’écouleraient dans un déplorable statu quo si, une fois de plus, son imagination millionnaire ne venait à son secours. « Tout s’arrange, en bien ou en mal » répétait-il toujours. Il convenait que les événements allassent au mieux des intérêts de sa compagne et il faciliterait leur cours.

— Chante voir un peu, — dit-il à Échalote, un matin que celle-ci vaquait à sa toilette et arpentait l’appartement, vêtue d’un pantalon et d’une chemise dont le pan, non rentré, lui chatouillait les mollets.

— Pourquoi faire ?

— Chante toujours, peuh, peuh, je te le dirai après. La petite entonna ce chef-d’œuvre de littérature et d’harmonie parisiennes :

Tout ça n’vaut pas l’amour,
La belle amour
La vraie amour,
L’amour d’une bergère
Qu’a sur l’étagère
Deux pomm’s fait’s au four.

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