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échalote et ses amants

autre chose qu’à tourner autour d’un orchestre de mandolines et il est certaine gymnastique qui leur vaudrait mieux que celle du cake-walk et de la mouillette ! La mouillette ! encore une danse nouvelle destinée à ridiculiser l’amour, ses gestes et ses attitudes. Quel musicien a commis cette infamie, quel chorégraphe a méprisé à ce point les enseignements du grand Vestris pour condescendre à cette création ? Autrefois on levait la jambe comme Grille-d’Égout, on faisait le grand écart comme La Goulue, les hommes se désarticulaient les fémurs et les tibias comme Valentin le Désossé et les Clodoches, mais on eût cru insulter à la morale de la société tout entière en accouplant publiquement des organes même vêtus. « Dieu m’est témoin, — eût pu dire M. Prudhomme, — que j’aime la danse pour mes fils et mes filles, mais je ne la confonds pas avec les coups de reins qui déshonorent la génération actuelle. »

« Voilà, belle Émilie, à quel point nous en sommes ! » murmure le cabot en rupture de planches et qui complète son éducation sentimentale par quelques stages dans les bastringues, et les hommes présents opinent à cette parole qu’ils trouvent bien envoyée.

Vers sept heures Échalote prit congé de Victor, car elle avait promis à M. Plusch de le retrouver pour dîner à Cocardasse, ce café de la place Blanche qu’il nommait son cabinet de consultations commerciales et sa chaire de dissertations philosophiques. Il en

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