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filz de femelle ne pœut avoir droit ne succession de par sa mere venant, là où sa mere n’a point de droit[1].

Siques par ces raisons les xii pers et les barons de France donnent par commun accort le royaume de France à messire Philippe, filz jadis à messire Charles de Valoys, frere jadis à ce beau roy Philippe dessusdit, ainsy ostent le royne d’Angleterre et son filx, qui estoit hoir masle et estoit filz de le serour le derrain roy Charles.

Ainsy ala ledit royaume hors de droicte ligne, ce semble à moult de gens, de quoy grandes guerres nasquirent et grand destruction de gens et de pays sus le royaume de France, ainsy que vous porrez ouir ici aprez, car c’est le fondement de ceste hystoire.

Et pour recorder les grands entreprises et faitz d’armes qui en sont avenus, car puis le temps du bon roy Charlemaine n’avindrent si grandes aventures de guerres ou royaume de France, or veuil je revenir à nostre droicte matiere et taire de ceste jusques atant que point et lieu en sera.

Cil roy d’Angleterre, pere à ce gentil roy Edowart qui ores regne, gouverna moult sauvagement le royaume et fist moult de merveilles en son pays par le conseil et enhortement messire Huon le Despensier[2], qui avoit esté nourry avecques luy dès son enfance. Et

  1. Voyez aussi sur cette question : E. Déprez, La papauté, la France et l’Angleterre, le chapitre relatif à la Question dynastique.
  2. Hugues Spencer descendait d’un gentilhomme d’Artois nommé Guerlain de Gommiecourt qui s’était fixé en Angleterre, où Henri III lui avait donné la charge de dépensier ; de là son surnom de Spencer ou Dépensier. (Froissart, éd. Kervyn de Lettenhove, t. II, p. 499.)