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INTRODUCTION.

c’est la Scandaleuse qui a raison contre Quicherat. En effet, le vendredi soir 9 avril 1473 (et non 1472, comme le veut Lenglet, car en 1472 le 9 avril tomba un jeudi), le chancelier d’Oriole écrit à l’évêque de Léon, alors à Bruxelles pour conclure une trêve entre le roi et le duc de Bourgogne, que Louis XI est « allé en son veage » et que sa chancellerie ne l’a pas accompagné[1]. Quelques jours plus tard, le 13 avril, c’est le comte de Saint-Pol qui écrit de Laon au même évêque de Léon : « Vous avez sceu que le roy est tiré à Bayonne[2]. » Il est inutile de pousser plus loin la démonstration ; aussi bien paraît-il presque certain que ni l’abbé Lebeuf ni Quicherat n’ont consulté de la Scandaleuse ni les manuscrits ni l’édition originale. Il y a mieux : ils ne se sont point aperçus que les deux premières éditions des Chroniques de Saint-Denis, celle de Pasquier Bonhomme, parue en 1486, et celle de Vérard, imprimée en 1493[3], les deux seules que le compilateur de la Martinienne aurait pu connaître, ne contiennent la mention d’aucun fait postérieur à la mort de Charles VII. C’est dans l’édition de 1514[4] que pour la première fois la narration est poursuivie jusqu’en 1513. Il y a donc bien eu emprunt, mais c’est l’éditeur de la compilation pseudo-officielle qui a pillé la Scandaleuse et non pas, comme on l’a dit, le rédacteur de cette dernière chronique qui s’est approprié le texte de celle dite de Saint-Denis.

IV.

Si la Chronique de Louis XI est, comme tout l’indique,

  1. P. 184.
  2. P. 186.
  3. Voir G. Brunet, la France lirréraire au XVe siècle, etc., p. 46.
  4. 3 vol. in-folio gothique.