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INTRODUCTION.

politiques une connaissance qui ne dépasse guère la surface et qui est bornée souvent à ce qu’on en pouvait apprendre à Paris. Avec cela, chose singulière, des renseignements précis sur tous les mouvements du roi et, ce qui s’explique plus aisément, sur les faits et gestes du monde de l’Hôtel de Ville, du Palais et du Châtelet, comme sur les faits divers de la capitale. Rien de suspect dans tout cela ni qui ressemble à ce qu’on appellerait aujourd’hui un livre « démarqué. »

En fait, personne ne soupçonnait la Chronique de ne pas être une œuvre de bonne foi, lorsqu’un des érudits les plus sagaces du dernier siècle, l’abbé Lebeuf, étudiant en 1745 la compilation publiée par Vérard vers 1503 sous le titre de Chronique Martinienne, s’avisa que le rédacteur de la Scandaleuse n’était qu’un vulgaire plagiaire qui s’était approprié le texte de la continuation des Chroniques de Saint-Denis, en se bornant à y ajouter un préambule de sa façon et quelques « racontars » parisiens assez dénués d’intérêt. Donc, pour le fond, la Chronique dite Scandaleuse serait l’œuvre de l’historiographe officiel du règne de Louis XI et n’aurait d’autre valeur que celle que possède la copie légèrement dénaturée d’une œuvre disparue[1].

Sur l’autorité de Lebeuf, l’abbé Lenglet, qui a réimprimé la Chronique en tête de ses Preuves de Commynes, prit soin d’avertir le lecteur, dans la préface du tome Ier des Mémoires, que la Chronique « à laquelle on a donné mal à propos dans les imprimés l’épithète de Scandaleuse » n’est pas l’ouvrage d’un seul homme, mais « un détachement de la Chronique qui fut compilée successivement par divers auteurs sous le titre de Chronique de Saint-Denis.

  1. Après la mort du chroniqueur Jean Castel, Louis XI se fit apporter à Cléry ce qui était rédigé de la chronique de son règne. Qu’en fit-il ? On l’ignore.