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vi
INTRODUCTION.

poser que Jean Le Clerc n’a point ignoré l’origine de la source à laquelle il puisait[1] ?

II.

Il est temps de revenir à la Scandaleuse. On n’en connaît que deux manuscrits, dont il importe d’autant plus de dire quelques mots que, sauf les éditeurs des grandes collections de mémoires relatifs à l’histoire de France qui prétendent les avoir consultés, sans qu’il y paraisse beaucoup, personne ne semble les avoir jamais vus. Et pourtant tous deux font partie, depuis longtemps, des collections de la Bibliothèque nationale. Également exécutés sur papier au xve siècle, ils portent au catalogue : l’un, le ms. fr. 2889, la désignation

  1. Autre hypothèse. Au tome II de la Martinienne, la Chronique de Louis XI est précédée de celle du règne de Charles VII, où le texte, emprunté en partie à la Chronique de Chartier, a été remanié de la même façon et par les mêmes procédés que celui de la Scandaleuse dans le manuscrit interpolé. Remplie de détails sur les actions militaires de Jacques et surtout de son frère Antoine de Chabannes, cette Chronique de Charles VII a été visiblement composée sur des mémoires de famille, et, comme l’Interpolée, elle reproduit des documents empruntés aux archives d’Antoine de Chabannes (voir le Mémoire sur la Chronique Martinienne, par l’abbé Lebeuf, dans les Mém. de m’Acad. des inscript., t. XX, 1745). D’autre part, la Chronique de Charles VII n’a été certainement rédigée qu’après la mort du premier comte de Dammartin, de la maison de Chabannes (Martinienne, t. II, fol. ccciv, col. 2), par conséquent après le 25 décembre 1488. Serait-elle due aussi à Jean Le Clerc ? Il est remarquable que la compilation de Vérard ne fut livrée au public qu’après la mort du pape Alexandre VI († 18 août 1503). Or, Jean Lebourg dit avoir terminé la transcription du manuscrit interpolé le 23 décembre 1502. Il faut donc que le rédacteur de ce manuscrit ait connu le texte de la Chronique Scandaleuse, tel que la Martinienne le donne, avant son impression.