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INTRODUCTION.

reprendre officiellement à la Chambre des comptes les fonctions dont il avait été privé assez injustement, semble-t-il, pour que, dès le 30 septembre 1484, un an après la mort de Louis XI, on lui en rendît les gages. Le Clerc garda son office jusqu’à sa mort, survenue à la fin de 1510, et c’est revêtu de la robe rouge de clerc des Comptes qu’il figure, la plume à la main, sur une miniature placée en tête du manuscrit interpolé de la Chronique Scandaleuse[1].

Une chose à noter, c’est que le rédacteur de ce manuscrit n’a pas travaillé sur les manuscrits de la Chronique dont il empruntait si lestement le récit, non plus que sur l’édition sortie des presses de Topie ou de Neumeister, la première qui parut de la Scandaleuse, comme on le verra tout à l’heure. Le texte qu’il eut sous les yeux est celui qui fut imprimé pour Antoine Vérard peu après l’an 1500, et inséré dans le tome second de la Chronique Martinienne. Quicherat avait observé déjà que le récit de la bataille de Saint-Jacques, tel que Jean Le Clerc l’a donné, est emprunté à ce recueil. Une autre preuve assez forte est que Le Clerc a copié un paragraphe tout entier concernant le pape Paul II, qui n’existe ni dans les manuscrits ni dans l’édition princeps de la Scandaleuse, mais seulement dans celle qu’en a donnée Vérard[2]. Le Clerc savait-il le nom du chroniqueur anonyme qu’il pillait avec tant de désinvolture ? On ne peut l’affirmer, mais il est piquant de noter qu’il connaissait le personnage auquel nous allons tenter de restituer la paternité de la Scandaleuse : ces deux hommes avaient été en rapports fréquents. Est-il téméraire, après cela, de sup-

  1. Ces renseignements sont tirés de la notice que J. Quicherat a consacrée à Jean Le Clerc dans l’article cité de la Bibliothèque de l’École des chartes.
  2. Ci-après, Interpol, et Var., § ix.