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iv
INTRODUCTION.

tique destinée à mettre en lumière les grandes actions et les notables aventures d’Antoine de Chabannes, comte de Dammartin. Cette transformation, le rédacteur de l’Interpolée l’accomplit en ajoutant au texte de la Scandaleuse, qu’il transcrivit presque sans modifications, des souvenirs personnels ou des documents empruntés aux archives de la maison qu’il servait.

Quicherat a démontré que le manuscrit interpolé a dû être composé entre l’année 1498, date du divorce de Louis XII, et la fin de 1502, époque à laquelle Jean Lebourg, de Valognes, en termina la copie. En relevant tous les passages où le rédacteur anonyme s’est mis en scène, le sagace érudit est parvenu aussi à prouver que ce rédacteur n’est autre qu’un ancien secrétaire de Louis XI, nommé Jean Le Clerc. Attaché d’abord à la personne d’Antoine de Chabannes[1], Le Clerc passa, au commencement de 1466, au service de Louis XI, dont il sut capter la faveur, et qu’il servit avec beaucoup d’intelligence. Mais les relations qu’il avait conservées avec son premier maître amenèrent sa disgrâce à l’époque où les révélations du comte de Saint-Pol et celles du duc de Nemours compromirent le comte de Damraartin dans l’esprit du plus soupçonneux des rois. C’est ainsi que Jean Le Clerc perdit, au mois d’octobre de l’année 1476, la charge de clerc des Comptes, dont Louis XI l’avait pourvu le 2 décembre 1475. Il fut réintégré quelque temps après dans son office de secrétaire et reconquit la confiance du roi ; mais ce n’est que le 16 juin 1496 qu’il put

  1. Un Jean Le Clerc était en 1448 notaire et secrétaire du roi Charles VII (Bibl. nat., Titres, n° 685, fol. 122). S’il est vrai qu’en 1461 le rédacteur du manuscrit interpolé avait vingt-six ans seulement, comme il le dit lui-même (ci-après, t. II, Interpolations et Variantes, § i), il ne pourrait s’agir de lui, mais peut-être de son père.