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Sur la foi de ton Dieu fondant ton espérance,
À celle de nos dieux donne au moins l’apparence ;
Et, sinon sous un cœur, sous un front plus soumis,
Obtiens pour nous ta grâce, et vis pour tes amis.

GENEST.

Notre foi n’admet point cet acte de foiblesse ;
Je la dois publier, puisque je la professe.
Puis-je désavouer le maître que je sui ?
Aussi bien que nos cœurs nos bouches sont à lui.
Les plus cruels tourments n’ont point de violence
Qui puisse m’obliger à ce honteux silence.
Pourrois-je encor, hélas ! après la liberté
Dont cette ingrate voix l’a tant persécuté,
Et dont j’ai fait un Dieu le jouet d’un théâtre,
Aux oreilles d’un prince et d’un peuple idolâtre,
D’un silence coupable, aussi-bien que la voix,
Devant ses ennemis méconnoître ses lois !

MARCELLE.

César n’obtenant rien, ta mort sera cruelle.

GENEST.

Mes tourmens seront courts, et ma gloire éternelle.

MARCELLE.

Quand la flamme et le fer paroîtront à tes yeux…

GENEST.

M’ouvrant la sépulture, ils m’ouvriront les cieux.

MARCELLE.

Ô dur courage d’homme !

GENEST.

Ô dur courage d’homme !Ô foible cœur de femme !

MARCELLE.

Cruel, sauve tes jours !