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J’ai pleuré mes péchés, le ciel a vu mes larmes ;
Dedans cette action il a trouvé des charmes,
M’a départi sa grâce, est mon approbateur,
Me propose des prix, et m’a fait son acteur.

LENTULE.

Quoi qu’il manque au sujet, jamais il ne hésite.

GENEST.

Dieu m’apprend sur-le-champ ce que je vous récite,
Et vous m’entendez mal si dans cette action,
Mon rôle passe encor pour une fiction.

DIOCLÉTIEN.

Votre désordre enfin force ma patience :
Songez-vous que ce jeu se passe en ma présence ?
Et puis-je rien comprendre au trouble où je vous voi ?

GENEST.

Excusez-les, seigneur, la faute en est à moi ;
Mais mon salut dépend de cet illustre crime :
Ce n’est plus Adrien, c’est Genest qui s’exprime ;
Ce jeu n’est plus un jeu, mais une vérité
Où par mon action je suis représenté,
Où moi-même l’objet et l’acteur de moi-même,
Purgé de mes forfaits par l’eau du saint baptême,
Qu’une céleste main m’a daigné conférer,
Je professe une loi que je dois déclarer.
Écoutez donc, Césars, et vous troupes romaines,
La gloire et la terreur des puissances humaines,
Mais foibles ennemis d’un pouvoir souverain,
Qui foule aux pieds l’orgueil et le sceptre romain ;
Aveuglé de l’erreur dont l’enfer vous infecte,
Comme vous des chrétiens j’ai détesté la secte,
Et si peu que mon art pouvoit exécuter,