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Mais quand il a connu nos prières, nos peines,
Les larmes de ta femme et son attente vaines,
L’œil ardent de colère et le teint palissant :
« Amenez, a-t-il dit d’un redoutable accent,
» Amenez ce perfide en qui mes bons offices
» Rencontrent aujourd’hui le plus lâche des vices ;
» Et que l’ingrat apprenne à quelle extrémité
» Peut aller la fureur d’un monarque irrité. »
Passant de ce discours s’il faut dire à la rage,
Il invente, il ordonne, il met tout en usage,
Et si le repentir de ton aveugle erreur
N’en détourne l’effet et n’éteint sa fureur…

ADRIEN.

Que tout l’effort, tout l’art, toute l’adresse humaine
S’unisse pour ma perte et conspire à ma peine :
Celui qui d’un seul mot créa chaque élément,
Leur donnant l’action, le poids, le mouvement,
Et prêtant son concours à ce fameux ouvrage,
Se retint le pouvoir d’en suspendre l’usage ;
Le feu ne peut brûler, l’air ne saurait mouvoir,
Ni l’eau ne peut couler qu’au gré de son pouvoir ;
Le fer, solide sang des veines de la terre,
Et fatal instrument des fureurs de la guerre,
S’émousse s’il l’ordonne, et ne peut pénétrer
Où son pouvoir s’oppose et lui défend d’entrer.
Si César m’est cruel, il me sera prospère ;
C’est lui que je soutiens, c’est en lui que j’espère ;
Par son soin tous les jours la rage des tyrans
Croit faire des vaincus et fait des conquérans.

FLAVIE.

Souvent en ces ardeurs la mort qu’on se propose,
Ne semble qu’un ébat, qu’un souffle, qu’une rose ;