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À ton pouvoir, Seigneur, mon époux rend hommage ;
Il professe ta foi, ses fers t’en sont un gage ;
Ce redoutable fléau des dieux sur les chrétiens,
Ce lion altéré du sacré sang des tiens,
Qui de tant d’innocens crut la mort légitime,
De ministre qu’il fut, s’offre enfin pour victime ;
Et, patient agneau, tend à ses ennemis
Un col à ton saint joug heureusement soumis.
Rompons après sa mort notre honteux silence,
De ce lâche respect forçons la violence ;
Et disons aux tyrans, d’une constante voix,
Ce qu’à Dieu du penser nous avons dit cent fois.
Donnons air au beau feu dont notre âme est pressée ;
En cette illustre ardeur, mille m’ont devancée ;
D’obstacles infinis, mille ont su triompher,
Cécile des tranchans, Prisque des dents de fer,
Fauste des plombs bouillants, Dipne de sa noblesse,
Agathe de son sexe, Agnès de sa jeunesse,
Tècle de son amant, et toutes du trépas ;
Et je répugnerais à marcher sur leurs pas !

(Elle sort.)



Scène VI.

GENEST, DIOCLÉTIEN, MAXIMIN, VALÉRIE,
CAMILLE, PLANCIEN, Gardes.
GENEST, à Dioclétien.

Seigneur, le bruit confus d’une foule importune,
De gens qu’à votre suite attache la fortune,
Par le trouble où nous met cette incommodité,