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Scène II.

Les mêmes, MAXIMIN, représenté par OCTAVE ; ADRIEN chargé de fers, représenté par GENEST ; FLAVIE, représenté par SERGESTE, LE GEÔLIER, Gardes ; Soldats.
MAXIMIN.

Sont-ce là les faveurs, traître, sont-ce les gages,
De ce maître nouveau qui reçoit tes hommages,
Et qu’au mépris des droits et du culte des dieux,
L’impiété chrétienne ose placer aux cieux ?

ADRIEN.

La nouveauté, seigneur, de ce maître des maîtres,
Est devant tous les temps et devant tous les êtres ;
C’est lui qui du néant a tiré l’univers,
Lui qui dessus la terre a répandu les mers ;
Qui de l’air étendit les humides contrées,
Qui sema de brillans les voûtes azurées,
Qui fit naître la guerre entre les élémens,
Et qui régla des cieux les divers mouvemens ;
La terre à son pouvoir rend un muet hommage,
Les rois sont ses sujets, le monde est son partage ;
Si l’onde est agitée, il la peut affermir ;
S’il querelle les vents, ils n’osent plus frémir ;
S’il commande au soleil, il arrête sa course ;
Il est maître de tout, comme il en est la source ;
Tout subsiste par lui, sans lui rien n’eût été ;
De ce maître, seigneur, voilà la nouveauté.
Voyez si sans raison il reçoit mes hommages,
Et si sans vanité j’en puis porter les gages.