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Quel défaut vous défend une pareille attente ?
Quel mépris obstiné des hommes et des dieux
Vous rend indifférent et la terre et les cieux ?
Et, comme si la mort vous était souhaitable,
Fait que pour l’obtenir vous vous rendez coupable,
Et vous faites César et les dieux ennemis ?
Pesez-en le succès d’un esprit plus remis ;
Celui n’a point péché qui dans la repentance
Témoigne la surprise et suit de près l’offense.

ADRIEN.

La grâce dont le ciel a touché mes esprits
M’a bien persuadé, mais ne m’a point surpris ;
Et me laissant toucher à cette repentance,
Bien loin de réparer, je commettrois l’offense.
Allez : ni Maximin, courtois ou furieux,
Ni ce foudre qu’on peint en la main de vos dieux,
Ni la cour ni le trône, avecque tous leurs charmes,
Ni Natalie enfin avec toutes ses larmes,
Ni l’univers rentrant dans son premier chaos,
Ne divertiroient pas un si ferme propos.

FLAVIE.

Pensez bien aux effets qui suivront mes paroles.

ADRIEN.

Ils seront sans vertu, comme elles sont frivoles.

FLAVIE.

Si raison ni douceur ne vous peut émouvoir,
Mon ordre va plus loin.

ADRIEN.

Mon ordre va plus loin.Faites votre devoir.

FLAVIE.

C’est de vous arrêter, et vous charger de chaînes,
Si, comme je vous dis, l’une et l’autre sont vaines.

(On enchaîne Adrien.)