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Prononçant mon arrêt, chasse-moi de ces lieux,

Tyran, délivre-moi, de l'horreur de tes yeux ;

Chaque trait m'en punit, chaque regard m'en tue, [1405]

Et mon plus grand supplice, est celui de ta vue.

Syroës

Il vous faut affranchir, d'un si cruel tourment ?

               Il parle aux Satrapes

Princes, délivrez-l'en par votre jugement.

Syra

Délibère cruel, consulte tes Ministres,

Nos malheurs sont le fruit, de leurs avis sinistres ; [1410]

Ce reste de proscrits, échappés aux bourreaux,

Ne pouvait s'élever, que dessus nos tombeaux ;

Et ne peut recouvrer, que par notre disgrâce,

Dans le gouvernement, les rangs, dont on les chasse ;

Ils ont grand intérêt, en la mort que j'attends, [1415]

Ne crains point, leurs conseils iront où tu prétends ;

Hé bien perfide ! lâches suppôts de traîtres,

Qu'avez-vous résolu, mes Juges, et mes Maîtres ?

Syroës lui montrant le poignard et le poison, qu'un garde lui baille.

On m'a de votre part, apporté ces présents.

Syra

Hé, bien ?

Syroës

Les trouvez-vous, des témoins suffisants, [1420]

Ou s'il faut autre chose, afin de vous confondre ?

Syra

Quand j'ai tout avoué, je n'ai rien à répondre ;

Je prends droit par moi-même, et mon plus grand forfait,

Est, non d'avoir osé, mais osé sans effet.

Syroës