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me reste,

Laissez-moi préparer, à ce combat funeste,

Ou, contre les conseils, de mon ambition,

Mon sang, sans l'avouer, prend sa protection.

Puis-je sans crime, hélas, lancer ce coup de foudre ; [1245]

Condamné par mes pleurs, quel Dieu pourra m'absoudre ?

Sardarigue

Ces faiblesses, Seigneur, démentent votre rang.

Syroës

Pour les faire cesser, faites taire mon sang,

Contre ses mouvements, ma résistance est vaine ;

Tenez-les quelque temps en la chambre prochaine, [1250]

Tandis qu'à la rigueur, dont je leur dois user,

Contre mes sentiments, je me vais disposer,

Tandis qu'à les haïr, mon âme se prépare,

Et que je m'étudie, à devenir barbare ;

Un tyran détestable, un maudit intérêt, [1255]

Ô père infortuné, demande ton arrêt ;

J'ai son autorité, vainement combattue,

Et l'or de ta couronne, est le fer qui le tue.

Il sort.

Sardarigue seul;

Que ton droit, absolu, sur tout ce que nous sommes,

Est, comme aux plus petits, fatal aux plus grands hommes ? [1260]

Tout meut par ton caprice, et rien dans l'Univers,

Ne se peut dire, ô sort, exempt de tes revers.