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En sa plus tendre enfance, et dont les jours naissants, [1135]

À peine avaient vu poindre, et remplir six croissants.

Et qu'enfin, notre bonne ou mauvaise aventure,

Au souci de ma soeur, commit sa nourriture ;

Mais ce cher gage, à peine, en sa garde reçu,

(Et voici, du secret, ce qui n'était point su ; ) [1140]

D'une convulsion, l'atteinte inopinée,

De cette jeune fleur, trancha la destinée ;

Pour lors à Palmyras, le sort m'avait donné,

Ou ma soeur m'abordant, d'un visage étonné ;

Ha mon frère, en quel lieu, (me dit-elle avec peine, ) [1145]

Me mettrai-je à couvert, du courroux de la Reine ?

Hélas, Narsée est morte, elle vient d'expirer,

Là, Palmyras entrant, et l'oyant soupirer,

N'a pas si tôt appris le mal qui la possède,

Qu'à l'instant, de ce mal, il trouve le remède ; [1150]

Et se voyant pour lors, une fille au berceau,

Éprouvez nous dit-il, si son sort sera beau,

Laissons faire le temps, et voyons l'aventure,

D'un jeu, de la fortune, avecques la nature ;

Narsée et Sydaris, se ressemblaient si fort, [1155]

Qu'outre que leur visage, avaient bien du rapport,

La ressemblance encor, et du poil, et de l'âge,

Par bonheur, répondait à celle du visage ;

Pour achever, enfin, le soin de Sydaris,

Sous le nom de Narsée à ma soeur fut commis ; [1160]

Palmyras, d'autre part, sous le nom de sa fille,

Inhumant la princesse, abusa sa famille,

Et voit en ce jeune astre éclater des appas,

Dont vingt ans, ont fait croire, et pleurer le trépas.

Syroës

Ô Dieux, si ce rapport, n'abuse mon oreille, [1165]