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Au mépris de ses jours, au mépris de nos dieux,
Affronter le pouvoir de la terre et des cieux ;
Et faire à mon amour succéder tant de haine,
Que bien loin d’en souffrir le spectacle avec peine,
Je verrai d’un esprit tranquille et satisfait
De son zèle obstiné, le déplorable effet,
Et remourir ce traître après sa sépulture,
Sinon en sa personne, au moins en sa figure.

DIOCLÉTIEN.

Pour le bien figurer, Genest n’oublîra rien ;
Écoutons seulement, et trêve à l’entretien.

(On entend une voix accompagnée d’un luth.)
(LA PIÈCE COMMENCE.)



Scène VII.

Les mêmes, assis ; ADRIEN, sur un théâtre élevé,
représenté par
GENEST.
ADRIEN.

Ne délibère plus, Adrien il est temps,
De suivre avec ardeur ces fameux combattans :
Si la gloire te plaît l’occasion est belle ;
La querelle du ciel à ce combat t’appelle ;
La torture, le fer et la flamme t’attend ;
Offre à leurs cruautés un cœur ferme et constant ;
Laisse à de lâches cœurs verser d’indignes larmes,
Tendre aux tyrans les mains, et mettre bas les armes ;
Toi, tends la gorge au fer, vois-en couler ton sang,
Et meurs sans t’ébranler, debout, et dans ton rang.
La faveur de césar, qu’un peuple entier t’envie,