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Dois-je encor du respect, à qui veut m'arrêter ?

Et lui suis-je obligé, du jour qu'il veut m'ôter ?

Le suis-je à votre mère, à qui je fais ombrage ? [985]

Et qui met tout crédit, et tout soin en usage,

Pour me frustrer d'un droit, que le sang m'a donné,

Et m'en ayant exclus, voir le sien couronné ?

Vous êtes souveraine, et Syra criminelle,

Voyez, de qui des deux, vous prendrez la querelle, [990]

D'une mère arrêtée, ou d'un amant tout prêt

D'ouïr ses ennemis, prononcer son arrêt,

Et sur un échafaud, envoyer une tête,

Dont vos yeux, ont daigné d'avouer la conquête.

Narsée

Redoutez-vous plus rien ? Et vos soins providents, [995]

N'ont-ils pas su prévoir, à tous les accidents,

Que vous peut susciter le courroux d'une femme ?

Syroës

Tel, peut-être, nous rit ; qui nous trahit dans l'âme ;

Et cherche un mécontent, à qui prêter le bras,

Pour des séditions, et des assassinats ; [1000]

Sur quelque fondement, qu'elle soit appuyée,

L'autorité naissante, est toujours enviée ;

Et souvent à leur foi, les peuples renonçants,

Aiment ceux affligés, qu'ils ont haïs puissants.

Narsée

Une Reine en des fers, n'est donc pas affligée ? [1005]

Syroës

Elle n'est pas en lieu, d'en être soulagée ;

Et de mettre en usage, un reste de pouvoir

Qui pourrait pratiquer leur servile devoir.

Narsée