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GENEST.

Qu’entends-je, juste ciel, et par quelle merveille,
Pour me toucher le cœur me frappes-tu l’oreille ?
Souffle doux et sacré, qui me viens enflammer,
Esprit saint et divin qui me viens animer,
Et qui me souhaitant m’inspires le courage,
Travaille à mon salut, achève ton ouvrage,
Guide mes pas douteux dans le chemin des cieux,
Et pour me les ouvrir dessille-moi les yeux.
Mais, ô vaine créance, et frivole pensée,
Que du ciel cette voix me doive être adressée !
Quelqu’un s’apercevant du caprice où j’étois,
S’est voulu divertir par cette feinte voix,
Qui d’un si prompt effet m’excite tant de flamme,
Et qui m’a pénétré jusqu’au profond de l’âme.
Prenez, dieux, contre Christ, prenez votre parti,
Dont ce rebelle cœur s’est presque départi ;
Et toi contre les dieux, ô Christ, prends ta défense,
Puisqu’à tes lois ce cœur fait encor résistance ;
Et dans l’onde agitée où flottent mes esprits
Terminez votre guerre, et m’en faites le prix.
Rendez-moi le repos dont ce trouble me prive.



Scène III.

LE DÉCORATEUR, GENEST.
LE DÉCORATEUR.

Hâtez-vous, il est temps ; toute la cour arrive.

GENEST.

Allons, tu m’as distrait d’un rôle glorieux
Que je représentois devant la Cour des cieux,