Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/367

Cette page n’a pas encore été corrigée

J'ai mis au monde un fruit, indigne de mon rang ! [575]

Et ne puis en mon fils, reconnaître mon sang !

Nourri, si dignement, et né pour la Province,

Il n'a pu contracter, les sentiments d'un Prince ;

Et l'offre qu'on lui fait, d'un pouvoir absolu,

Peut trouver en son sein, un coeur irrésolu. [580]

Mardesane

D'un sang assez ardent, n'animez point les flammes,

J'ai tous les sentiments, dignes des grandes âmes.

Et mon ambition, me sollicite assez,

Du rang que je rejette, et dont vous me pressez.

Un trône attire trop, on y monte sans peine, [585]

L'importance, est de voir, quel chemin nous y mène ;

De ne s'y presser pas, pour bientôt en sortir,

Et pour n'y rencontrer, qu'un fameux repentir.

Si j'en osais, Seigneur, proposer votre exemple,

De cette vérité, sa preuve est assez ample ; [590]

Ce bâton, sans un sceptre, honore assez mon bras,

Grand Roi, par le démon, qui préside aux États ;

Par ses soins providents, qui font fleurir le vôtre,

Par le sang de Cyrus, noble source du nôtre ;

Par l'ombre d'Hormisdas, par ce bras indompté, [595]

D'Héraclius, encor, aujourd'hui redouté ;

Et par ce que vaut même, et ce qu'a de mérite,

La Reine, dont l'amour , pour moi vous sollicite,

De son affection, ne servez point les feux,

Et sourd en ma faveur, une fois à ses voeux, [600]

Souffrez-moi de l'Empire, un mépris salutaire,

Et sauvez ma vertu, de l'amour d'une mère,

Songez, de quels périls, vous me faites l'objet,

Si votre complaisance, approuve son projet ;