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nées,

Par qui las de régner, voir le règne suivant,

Me le perpétuer, et renaître vivant,

Par qui laissant l'État, en demeurer le Maître,

Et c'est vous, Mardesane, en qui je veux renaître ; [550]

Soutenez bien le bras, qui vous couronnera,

C'est un prix que je dois, à l'amour de Syra ;

Remplissez dignement, le trône, et notre attente,

Et représentez bien, celui qui vous présente.

Mardesane

Je suis à vous, Grand Prince, et je serais jaloux, [555]

Qu'un autre eût plus de zèle, et plus d'ardeur pour vous ;

Je sais, ce que je dois à votre amour extrême,

J'en ai le témoignage, et le gage en moi-même ;

Et quand dès le berceau, vous m'auriez couronné,

En me donnant le jour , vous m'avez plus donné ; [560]

À quoi donc, puis-je mieux, en employer l'usage,

Et destiner mes soins, qu'au soutien de votre âge ?

Occupez-les, Seigneur, j'en serai glorieux,

Le faix de vos travaux, me sera précieux,

Mais, m'en donnant l'emploi, demeurez-en l'arbitre, [565]

Commettez le pouvoir, mais retenez le titre ;

Ou si vous dépouillez, le titre, et le pouvoir,

Voyez, qui justement, vous en devez pourvoir.

Par la loi de l'État, le sceptre héréditaire,

Doit tomber de vos mains, en celles de mon frère ; [570]

Comblez-le des bontés, que vous avez pour moi.

Cosroës

La loi, qu'impose un père, est la première loi.

Syra

Vains sentiments de mère, importune tendresse !

On reçoit vos faveurs, avec tant de faiblesse !