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Qui doit combler mes voeux, en couronnant mon fils.

               On lui donne un siège.

Nourrirez-vous toujours, ce remords qui vous reste ;

Si vous ne l'étouffez, il vous sera funeste ;

De ce malheur, Seigneur, perdez le souvenir, [395]

L'avoir gardé vingt ans, est trop vous en punir.

Cosroës

Tout l'État, où j'occupe un rang illégitime,

M'entretient cette idée, et me montre mon crime ;

L'aversion du peuple, et celle des soldats,

M'est un témoin public, de la mort d'Hormisdas ; [400]

Et plus que tout, hélas ! la fureur qui m'agite,

Quand elle me possède, à le suivre m'invite !

J'ai regret, que ce mal, vous coûte tant de soins,

Et honte en même temps, qu'il vous ait pour témoins,

Mais plus de honte, encor, de son énorme cause, [405]

Qui fol, et parricide, à tout l'État m'expose.

Syra

Tant que vous retiendrez les rênes de l'État

Vous y verrez l'objet, qui fit votre attentat ;

Et vous ne pouvez voir, ni sceptre, ni Couronne,

Sans vous ressouvenir, qu'un crime vous les donne ; [410]

Votre repos, encor, souffre visiblement,

Du soin que vous prenez, pour le gouvernement ;

Vos ennuis, de ce soin, vous rendent moins capable,

Déposez ce fardeau, devant qu'il vous accable ;

C'est un faix qu'il me faut déposer avec vous, [415]

Mais je renonce à tout, pour sauver un époux ;

Déchargez votre esprit, de ce qui le traverse,

Cosroës m'est plus cher, qu'un Monarque de Perse ;

Sans lui, je ne puis vivre, et vivant avec lui,

Je puis être encor Reine, et régner en autrui ; [420]