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On a peine à le croire, et chacun en murmure ;

On tient, ce bruit fermé, pour éprouver les coeurs,

En voir les sentiments, en fonder les ardeurs ; [300]

Mais il n'a dans pas un, trouvé que de la glace ;

C'est un bruit, toutefois, Seigneur, qui vous menace ;

Et ne doit point laisser languir votre courroux ;

Ainsi que l'équité, tous les coeurs sont pour vous ;

Quoi que l'on dissimule, on ne peut voir sans peine, [305]

Le Roi déférer tant, à l'orgueil de la Reine,

Passer pour son sujet, et laisser lâchement,

Reposer sur ses soins, tout le gouvernement.

S'étonne-t-il (dit-on) si rien ne nous succède ?

Toujours, ou sa furie, ou Syra le possède ; [310]

Quel progrès ferait-il, furieux, ou charmé ?

Par l'une hors du sens, par l'autre désarmé.

Ce murmure assez haut, court par toute l'armée,

               Montrant Palmyras

De son chef, qu'elle perd, encor toute alarmée ;

Et pour peu, qu'on la porte à vous donner les mains, [315]

Et que l'on veuille entendre, au traité des Romains ;

Pour son Fils, contre vous, la Reine, en vain conspire,

Et ma tête, Seigneur, vous répond de l'Empire,

Ou pour vous maintenir, tout l'État périra.

Syroës rêvant et se promenant.

Mais, je périrai, traître, ou mon Fils régnera : [320]

Oui, oui, qu'elle périsse, et nous régnons, Pharnace,

Je ne consulte plus, après cette menace ;

Si le trône, nous peut sauver de son courroux,

Fidèles confidents, je m'abandonne à vous ;

Ouvrez-m'en le chemin, montons sur cet asile, [325]