Profitez de ma chute, elle vous doit instruire,
Et sage, détruisez, ce qui vous peut détruire ; [175]
Sinon, jusques sur vous, ce foudre éclatera.
Syroës rêvant, et se promenant.
Mais, je périrai, traître, ou mon fils régnera ;
Qu'ai-je à délibérer, après cette menace !
Quoi, Mardesane, au trône, occupera ma place !
Et l'orgueil, de sa mère, abusant à mes yeux [180]
De l'esprit altéré, d'un père furieux,
Par l'insolent pouvoir, que son crédit lui donne,
Sur quel front lui plaira, fera choir ma couronne ?
Quel crime, ou quel défaut, me peut-on reprocher,
Pour disposer du Sceptre, et pour me l'arracher ? [185]
Ma mère, ma naissance, en êtes-vous coupables,
D'un sort, si glorieux, sommes-nous incapables ?
Veut-on après vingt ans, jusques dans le tombeau,
Souiller une vertu, dont l'éclat fut si beau ;
Non, non, le temps ma mère, avecques trop de gloire, [190]
Laisse encor dans les coeurs, vivre votre mémoire.
C'est un exemple illustre, aux siècles à venir,
Que la haine respecte, et ne saurait ternir ;
Mon crime, est seulement, l'orgueil d'une marâtre,
Dont un fils est l'idole, un père l'idolâtre ; [195]
Et l'hymen, qui l'a mise, au lit de Cosroës,
D'un droit héréditaire, exclut seul Syroës.
Célestes protecteurs, des puissances suprêmes,
Vous, Dieux, qui présidez au sort des Diadèmes ;
Souverains partisans, des intérêts des Rois, [200]
Soutenez, aujourd'hui, l'autorité des lois,
Et d'un tyran naissant, détruisant l'insolence,
Affermissez l'appui, d'un trône qui balance.
palmyras