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Avant votre fortune, assurez ma ruine ;

Ôtez-vous tout obstacle, et de mon monument,

À mon trône usurpé, faites un fondement ;

Lavez-le de mon sang, avant que d'y paraître,

Sinon, n'espérez pas, être longtemps mon maître ; [155]

Mardesane voyant Palmyras.

Il est bien mal aisé, de vous dissuader !

Palmyras, qui me voit, n'ose vous aborder

Et comme vous, encor, m'impute sa disgrâce.

               Il dit à Palmyras

Entrez, je me retire, et vous cède la place ;

Je vous suis importun.


Scène III

Palmyras, Satrape, Syroës

palmyras

C'est mal me la céder, [160]

Que briguer mes emplois, et m'en déposséder,

Mais, puisque Syra règne, ai-je lieu de me plaindre ?

Que puis-je espérer d'elle, ou que n'en dois-je craindre.

Le courroux d'une femme est longtemps à dormir,

Et mon faible crédit, croit en vain s'affermir, [165]

Et vaincre les efforts, qui le pouvaient abattre,

Ayant pour subsister, une femme à combattre ;

Son hymen, dont j'osai, contester le dessein,

N'avait couvé longtemps, ce projet en son sein ;

Et quand elle peut tout, quand elle est souveraine, [170]

Enfin l'occasion, fait éclater sa haine ;

Ce trait est un avis, Prince, qui parle à vous,

Craignez par mon exemple, et détournez les coups ;