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Et je fais plus pour vous, de vous en détourner,

Qu'elle de vous l'offrir, et de vous couronner.

Mardesane

Vous inquiétez-vous, du Zèle d'une mère,

Qui de ce vain espoir, aime à se satisfaire.

Laissez-la, se flatter, de ces illusions [100]

Se plaire, à se forger, de belles visions :

À nourrir un beau songe, et l'en laissant séduire,

Moquez-vous d'un dessein, qui ne peut rien produire ;

Et vous en reposant, sur ce que je vous dois,

En elle respectez, la passion du Roi : [105]

Épargner sa furie, et l'ennui qui l'accable,

Qui de tout autre soin, le rendent incapable ;

Et font qu'en son chagrin, tout l'irrite, et lui nuit.

Syroës

J'ai pour lui des respects, dont j'obtiens peu de fruit,

Mais que j'acquière, enfin, son amour, ou sa haine, [110]

Il faut laisser agir le crédit de la Reine,

Et prendre avis du temps, et des événements.

Mardesane

Vous gardez vos soupçons, et moi, mes sentiments.

Et j'estime trop peu, l'éclat d'une Couronne,

Pour me gêner l'esprit, du soin qu'elle vous donne, [115]

Ce n'est qu'un joug pompeux, le repos m'est plus doux ;

Syroës

Vous n'avez rien à faire, on travaille pour vous ;

Et vous pouvez juger, si l'Empire à des charmes.

Par ceux, que vous trouvez, à commander nos Armes,

Ce bâton, que le Roi, vous a mis à la main, [120]

Déjà sur les soldats, vous a fait souverain,