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LE DÉCORATEUR.

Le temps nous a manqué plutôt que l’industrie ;
Joint qu’on voit mieux de loin ces raccourcissemens,
Ces corps sortant du plan de ces refondremens ;
L’approche à ces desseins ôtent leurs perspectives,
En confond les faux jours, rend leurs couleurs moins vives,
Et, comme à la nature, est nuisible à notre art,
À qui l’éloignement semble apporter du fard :
La grâce une autre fois y sera plus entière.

GENEST.

Le temps nous presse ; allez préparer la lumière.
(Il lit son rôle.)(Le décorateur sort.)
« Ne délibère plus, Adrien, il est temps
» De suivre avec ardeur ces fameux combattans :
» Si la gloire te plaît, l’occasion est belle ;
» La querelle du ciel à ce combat t’appelle,
» La torture, le fer, et la flamme t’attend :
» Offre à leurs cruautés un cœur ferme et constant ;
» Laisse à de lâches cœurs verser d’indignes larmes,
» Tendre aux tyrans les mains et mettre bas les armes ;
» Offre ta gorge au fer, vois-en couler ton sang,
» Et meurs sans t’ébranler, debout et dans ton rang.
(Il répète encore ces quatre derniers vers.)
» Laisse à de lâches cœurs verser d’indignes larmes,
» Tendre aux tyrans les mains et mettre bas les armes ;
» Offre ta gorge au fer, vois-en couler ton sang,
» Et meurs sans t’ébranler, debout et dans ton rang. »