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Et dont l’estime enfin ne peut être effacée,
Ce seroit vous mentir et trahir ma pensée.

DIOCLÉTIEN.

Je sais qu’en leurs écrits l’art et l’invention,
Sans doute ont mis la scène en sa perfection ;
Mais ce que l’on a vu n’a plus la douce amorce,
Ni le vif aiguillon, dont la nouveauté force ;
Et ce qui surprendra nos esprits et nos yeux,
Quoique moins achevé, nous divertira mieux.

GENEST.

Nos plus nouveaux sujets, les plus dignes de Rome,
Et les plus grands efforts des veilles d’un grand homme
À qui les rares fruits que la muse produit,
Ont acquis dans la scène un légitime bruit,
Et de qui certes l’art comme l’estime est juste,
Portent les noms fameux de Pompée et d’Auguste ;
Ces poëmes sans prix, où son illustre main
D’un pinceau sans pareil a peint l’esprit romain,
Rendront de leurs beautés votre oreille idolâtre,
Et sont aujourd’hui l’âme et l’amour du théâtre.

VALÉRIE.

J’ai su la haute estime où l’on les a tenus,
Mais leurs sujets enfin sont des sujets connus ;
Et quoi qu’ils aient de beau, la plus rare merveille
Quand l’esprit la connoît ne surprend plus l’oreille ;
Ton art est toujours même, et tes charmes égaux
Aux sujets anciens aussi-bien qu’aux nouveaux ;
Mais on vante sur tout l’inimitable adresse
Dont tu feins d’un chrétien le zèle et l’allégresse,
Quand le voyant marcher du baptême au trépas,
Il semble que les feux soient des fleurs sous tes pas.