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Mais je n'ai point dessein, de prolonger mon sort,

J'ai mon objet à part, à qui je dois ma mort ;

Vous la devez au peuple, à mon frère, à vous-même, [1625]

Moi, je le dois, Seigneur, à l'ingrate que j'aime,

Je la dois à sa haine, et m'en veux acquitter,

C'est un léger tribut, qu'une vie à quitter,

C'est peu pour satisfaire, et pour plaire à Cassandre,

Qu'une tête à donner, et du sang à répandre, [1630]

Et forcer de l'aimer, jusqu'au dernier soupir,

Sans avoir pu vivant, répondre à son désir,

Suis ravi de savoir, que ma mort y réponde,

Et que mourant, je plaise, aux plus yeux du monde.

LE ROI

À quoi que votre coeur, destine votre mort, [1635]

Allez vous préparer, à cet illustre effort ;

Et pour les intérêts, d'une mortelle flamme,

Abandonnant le corps, n'abandonnez pas l'âme ;

Toute obscure qu'elle est, la nuit a beaucoup d'yeux,

Et n'a pas pu cacher votre forfait aux cieux. [1640]


L'embrassant.


Adieu. Sur l'échafaud, portez le coeur d'un prince,

Et faites y douter, à toute le province,

Si né, pour commander, et destiné si haut,

Vous mourez sur un trône, ou sur un échafaud.

LE ROI, tape du pied pour faire venir le Duc. Le Duc entre avec des gardes.

Duc, ramenez le Prince.

LE PRINCE, s'en allant.

Ô vertu trop sévère ! [1645]

Venceslas, vit encore, et je n'ai plus de père !