Ursin de Cunisberg, de qui vous êtes la fille
Est descendu d'aïeux, issus de sang royal,
Et me fut un voisin, généreux, et loyal.
Vous savez, si prétendre, un de vos fils pour gendre,
Eut au rang qu'il tenait, été trop entreprendre ! [1330]
L'amour n'offense point, dedans l'égalité.
Tous deux, ont eu dessein, dessus ma liberté.
Mais avec différence, et d'objet, et d'estime,
L'un qui me crut honnête, eut un but légitime,
Et l'autre, dont l'amour fol, et capricieux, [1335]
Douta de ma sagesse en eut un vicieux ;
J'eus bientôt d'eux aussi, des sentiments contraires,
Et quoiqu'ils soient vos fils, ne les trouvai point frères !
Je ne les puis aimer, ni haïr à demi,
Je tins l'un pour amant, l'autre pour ennemi ! [1340]
L'infant, par sa vertu, s'est soumis ma franchise,
Le Prince par son vice, en a maqué la prise ;
Et par deux différents, mais louables effets,
J'aime en l'un votre sang, en l'autre je le hais ;
Alexandre, qui vit son rival en son frère, [1345]
Et qui craignit, d'ailleurs, l'autorité d'un père ;
Fit, quoiqu'autant ardent, que prudent et discret,
De notre passion, un commerce secret ;
Et sous le nom de Duc, déguisant sa poursuite,
Ménagea votre vue, avec tant de conduite [1350]
Que toute Varsovie, a cru jusqu'aujourd'hui
Qu'il parlait pour de Duc, quand il parlait pour lui ;