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Ce grand coeur refusant, intéresse le mien,

Et me demande trop, en ne demandant rien.

Faisons par vos travaux, et ma connaissance, [1085]

Du maître et du sujet discerner la puissance ;

Mon renom ne vous peut souffrir sans se souiller,

La générosité, qui m'en veut dépouiller.

N'attisez point un feu que vous voudrez éteindre,

J'aime en un lieu, Seigneur, où je ne puis atteindre ; [1090]

Je m'en connais indigne, et l'objet que je sers

Dédaignant son tribut, désavouerait mes fers.

LE ROI

Les plus puissants États n'ont point de souveraines,

Dont ce bras ne mérite, et n'honorât les chaînes,

Et mon pouvoir enfin, ou sera sans effet, [1095]

Ou vous répond du don que je vous aurai fait.

LE PRINCE, bas.

Quoi ? L'hymen qu'on dénie à l'ardeur qui me presse

Au lit de mon rival va mettre ma maîtresse ?

LE DUC

Ma défense à vos lois n'ose plus répartir.

LE PRINCE

Non, non, lâche rival, je n'y puis consentir. [1100]

LE DUC

Et forcé par votre ordre à rompre mon silence,

Je vous obéirai, mais avec violence.

Certain de vous déplaire en vous obéissant,

Plus, que n'observant point, un ordre si pressant ;

J'avouerai donc, grand Roi, que l'objet qui me touche. [1105]

LE PRINCE