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Gardes.}}

LE ROI, au Duc.

Venez heureux appui que le ciel me suscite,

Dégager ma promesse envers votre mérite ;

D'un coeur si généreux ayant servi l'État

Vous desservez son Prince en le laissant ingrat ;

J'engage mon honneur engageant ma parole, [1065]

Le prix qu'on vous retient est un bien qu'on vous vole,

Ne me laissez plus, puisque je vous le dois,

Et déclarez l'objet dont vous avez fait choix.

En votre récompense éprouvez ma justice,

Du prince la raison a guéri le caprice. [1070]

Il prend vos intérêts, votre heur lui sera doux,

Et qui vous desservait, parle à présent pour vous.

LE PRINCE, bas.

Contre moi mon rival obtient mon assistance !

À quelle épreuve, ô ciel ! Réduis-tu ma constance ?

LE DUC

Le prix est si conjoint à l'heur de vous servir, [1075]

Que c'est une faveur qu'on ne me peut ravir ;

Ne faites point, Seigneur, par l'offre du salaire,

D'une action de gloire une oeuvre mercenaire ;

Pouvoir dire, ce bras a servi Venceclas,

N'est-ce pas un loyer digne de cent combats ? [1080]

LE ROI

Non, non, quoique je doive à ce bras indomptable,

C'est trop que votre Roi soit votre redevable ;