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Et quelque objet qu'il soit, à toute la province,

Je ne regarde en lui, ni monarque, ni prince,

Et ne vois sous l'éclat, dont il est revêtu,

Que de traîtres appas, qu'il tend à ma vertu ;

Après ses sentiments, à mon honneur sinistres, [415]

L'essai de ses présents, l'effort de ses ministres ;

Sas plaintes, ses écrits, et la corruption,

De ceux, qu'il crût, pouvoir servir sa passion;

Ces moyens vicieux, aidant mal sa poursuite,

Aux vertueux, enfin, son amour est réduite ; [420]

Et pour venir à bout de mon honnêteté,

Il met tout en usage, et crime et piété ;

Mais en vain il consent, que l'amour vous unisse,

C'est appeler l'honneur au secours de son vice ;

Puis, s'étant satisfait, on sait qu'un souverain [425]

D'un hymen qui déplaît, à le remède en main ;

Pour en rompre les noeuds, et colorer ses crimes,

L'État, ne manque pas, de plausibles maximes ;

Son infidélité suivrait de près sa foi ;

Seul, il se considère ; il s'aime, et non pas moi. [430]

THÉODORE

Ses voeux, un peu bouillants, vous font beaucoup d'ombrage ;

CASSANDRE

Il vaut mieux, faillir mieux, et craindre davantage.

THÉODORE

La fortune vous rit, et ne rit pas toujours ;

CASSANDRE

Je crains son inconstance, et ses courtes amours ;

Et puis, qu'est un palais, qu'une maison pompeuse, [435]

Qu'à notre ambition, bâtit cette trompeuse ?