On me fera raison, de cette indignité ;
Puisque, je suis au peuple, en si mauvaise estime,
Il la faut mériter, du moins, par un grand crime ;
Et de vos châtiments, menacé tant de fois, [245]
Me rendre un digne objet de la rigueur des lois.
Que puis-je plus tenter, sur cette âme hautaine ?
Essayons l'artifice, ou la rigueur est vaine ;
Puisque, plainte, froideur, menace, ni prison,
Ne l'ont pu, jusqu'ici, réduire à la raison. [250]
Il dit au prince
Ma créance, mon fils, sans doute, un peu légère,
N'est pas sans quelque erreur, et cette erreur m'est chère ;
Étouffons nos discords, dans nos embrassements,
Il l'embrasse.
Je ne puis de mon sang, forcer les mouvements ;
Je lui veux bien céder, et malgré ma colère, [255]
Me confesser vaincu, parce que je suis père.
Prince, il est temps, qu'enfin, sur un trône commun ;
Nous ne fassions qu'un règne, et ne soyons plus qu'un,
Si proche du cercueil, où je me vois descendre,
Je me veux voir en vous renaître de ma cendre. ; [260]
Et par vous, à couvert, des outrages du temps,
Commencer à mon âge, un règne de cent ans.
De votre seul repos dépend toute ma joie ;
Et si votre faveur, jusques-là je déploie ;
je ne l'accepterai, que comme un noble emploi, [265]
Qui parmi vos sujets, fera conter, un roi.