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Ni la soumission, d'un peuple qui vous rit ;

Ni d'un père, et d'un roi, le conseil salutaire,

Lors, pour être tout roi, je ne serai plus père,

Et vous abandonnant à la rigueur des lois,

Au mépris de mon sang, je maintiendrai mes droits. [130]

LADISLAS

Encore que de ma part, tout vous choque et vous blesse,

En quelque étonnement, que ce discours me laisse,

Je tire au moins ce fruit, de mon attention,

D'avoir su vous complaire, en cette occasion

Et sur chacun des points, qui semblent me confondre, [135]

J'ai de quoi me défendre, et de quoi vous répondre,

Si j'obtiens à mon tour, et l'oreille et le coeur.

LE ROI

Parlez, je gagnerai, vaincu plus que vainqueur ;

Je garde pour vous, les sentiments d'un père,

Convainquez-moi d'erreur, elle me sera chère. [140]

LADISLAS

Au retour de la chasse, assisté des miens,

Le carnage du cerf, se préparant aux chiens,

Tombées sur le discours, des intérêts des princes,

Nous en vînmes sur l'art de régir les provinces ;

Où chacun à son gré, forgeant des potentats, [145]

Chacun selon son sens, gouvernants vos États,

Et presque aucun avis, ne se trouvant conforme,

L'un prise votre règne, un autre le réforme ;

Il trouve ses censeurs, comme ses partisans ;

Mais, généralement, chacun plaint vos vieux ans ; [150]

Moi, (sans imaginer, vous faire aucune injure)

Je coulai mes avis, dans le libre murmure ;

Et mon sein, à ma voix, s'osant trop confier,