Scène IV
Que veut hors de saison cette femme importune ? [450]
Détourner s'il se peut une étrange infortune.
C'est leur mère. Ô nature ! Assiste son dessein.
Plongez, plongez, cruels, vos armes dans mon sein ;
Déployez contre moi votre aveugle colère,
Contre moi qui donnais des frères à leur père ; [455]
Ou, si vous m'épargnez, ne versez pas le sang
Que vous avez puisé dans ce coupable flanc :
Accordez-le moi tout, ou ne m'en laissez goutte ;
Perdez-moi toute entière, ou conservez-moi toute.
Quoi ! Nul de vous encore n'a mis les armes bas ? [460]
Je parle, et de vos mains elles ne tombent pas ?
Si quelque pitié règne chez vous encore,
Consentez à la paix que votre mère implore ;
Si le crime vous plaît, un plus grand s'offre à vous ;
Ce flanc dont vous sortez est en butte à vos coups. [465]
Cessez donc cette guerre, ou cessez-en la trêve ;
Faites qu'elle s'éteigne, ou bien qu'elle s'achève ;
Ou n'allez pas plus outre, ou passez jusqu'au bout ;
Ne considérez rien, ou considérez tout.