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Scène III

deux capitaines grecs; Antigone, Étéocle, Créon.
Etéocle, sortant désarmé

Je viens enfin, je viens, prêt à te satisfaire ;

Et crois que si plus tôt j'avais pu me soustraire,

Plutôt dessus les lieux tu m'aurais vu rendu,

Et n'aurais pas l'honneur de m'avoir attendu.

Ma mère, à mon déçu par Éphise avertie, [430]

Avez tous ses efforts empêchait ma sortie,

Dont il m'a bien déplu, car je n'ai pas douté

Que mon retardement n'enflât ta vanité.

Ton appel est, au reste, un bien que je t'envie ;

J'en prétendais la gloire, et tu me l'as ravie : [435]

Cent fois de ce dessein mon cœur m'avait pressé,

Et ce n'est que du temps que tu m'as devancé.

Thèbes, sur qui jamais nul ne régna sans crime,

Le sort te va donner un prince légitime.

Voyons s'il m'ôtera le nom que j'en ai pris ; [440]

Que le champ du combat e soit aussi le prix.

Antigone

Ils s'approchent, ô dieux, et nul n'y met obstacle !

Fuyons, ne voyons pas cet horrible spectacle.


Elle sort.


Polynice

Enfin quelque remords t'a donc fait souvenir

Que ta fois s'est donnée et qu'il la faut tenir ? [445]

Tu m'es donc frère enfin ? Car ce n'était pas l'être

Que de parjurer et de traiter en traître.

Pour nous mieux obliger, viens, signons nos accords

De notre propre sang et sur nos propres corps.