Me sera bien séante en cette occasion. [10]
Nature, confonds-les, c'est ici ton office :
Tout dépend de toi seule, et rien de l'artifice :
Viens te montrer, mon sein, qui les as allaités ;
Avancez-vous, mes bras, qui les avez portés ;
Toi, flanc incestueux dont il sont pris naissance, [15]
Viens, s'ils ont du respect, faire voir ta puissance.
Scène II
Madame, il n'est plus temps.
Comment ! Ces enragés
Gisent-ils déjà morts l'un par l'autre égorgés,
Ou la troupe Thébaine a-t-elle été défaite ?
Non, mais le combat cesse, et le roi fait retraite : [20]
C'est ce que de la tour j'ai clairement pu voir ;
Et son retour dans peu vous le fera savoir.
Ce cœur dénaturé, teint de sang de son frère,
Se vient-il rafraîchir dans les bras de sa mère ?
S'y vient-il réjouir de cet acte inhumain, [25]
Et ne prétend-il point des lauriers de sa main ?
Oui, le coup en mérite, il part d'un grand courage ;
Il s'est soustrait d'adresse, et pour un bel ouvrage.
Peut-être que le ciel, qui préside aux combats,
En disposera mieux que vous n'espérez pas. [30]