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L'appelle par les noms de belle, et de maîtresse,

La voit d'un œil charmé, bénit cet heureux jour,

Et n'importune plus l'objet de ton amour :

Il a même avoué, que ta Dame t'est due,

Sous ces épais rameaux j'ai sa voix entendue,

Et j'ai vu d'assez près les chastes privautés

Dont il s'entretenait avec ces deux beautés,

Enfin, (leur a-t-il dit), l'amour et la justice

Veulent qu'à mon rival je rende un bon office,

Il devra son repos au souci que je prends

Et je vais implorer l'aveu de vos parents ;

Il part, et là-dessus, ces filles réjouies,

Proposent de gausser, je les ai bien ouïes,

Ayant su leur dessein je les laisse partir,

Et je ne te cherchais que pour t'en avertir.

DIONYS

.

Ô Dieux ! Te dois-je croire ?

LISIDAN

.

Ha ! Ce soupçon m'irrite.

DIONYS

.

Ô discours qui me charme, et qui me ressuscite !

Qu'à propos cher ami, tu me viens obliger ;

Et que tu m'as tiré d'un extrême danger.

ÉRANTE

.

Monsieur, que d'une feinte, une feinte vous venge

Témoignez de m'aimer, et d'imiter son change

Lors son ressentiment prouvera son amour,

Et nous aurons sujet de rire à notre tour.

LISIDAN

.

Ce dessein est plaisant.

DIONYS

.