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Que c'est témérité que de voir vos attraits,

Que je mourrai coupable en mourant de leurs traits,

Mon sort est au-dessous de la mort où j'aspire,

Je devais éviter ce glorieux martyre,

J'ai pris trop de licence, et des Rois seulement

Sont dignes de mourir d'un si noble tourment.

AMÉLIE

.

Je me rends, je suis prise, et tant de modestie

Vous donne de mon coeur la meilleure partie,

Je vais fermer l'oreille aux vœux de Dionys,

Toute raison est faible, et tous respects bannis,

Espérez du remède à l'ardeur qui vous presse,

Et que ces doux baisers vous signent ma promesse.

Elles se baisent
DIONYS

.

Ô Dieux ! Que résoudrai-je en cette extrémité ?

N'avez-vous point de traits pour l'infidélité ?

Il possède mon bien, il l'embrasse, il la baise,

Et je ne punis pas ce tyran de mon aise ?

C'est trop délibérer.

AMÉLIE

.

Dieux ! Quelqu'un vient ici ?

DIONYS

.

Ne vous contraignez point.

AMÉLIE

.

Est-ce toi, mon souci ?

DIONYS

.

Que les baisers sont doux, sous ce divin feuillage !

Que vous y recevez un agréable hommage !

Que la fraîcheur de l'ombre accroît vos voluptés,

Et dans un bon plaisir tient vos sens enchantés !