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D'abord, que j'aperçus ces aimables Soleils,

Je sentis des effets, qui n'ont point de pareils ;

Mes yeux furent charmés, mon âme fut troublée

Et d'ennuis infinis, ma fortune comblée :

Je trouvai tant de grâce en ces divins appas,

Et je vis au-dessous mon mérite si bas,

Qu'un juste désespoir me conseille la fuite,

Vous avez vu l'état, où mon âme est réduite

Je plaignais mes défauts, et ma condition,

Qui défend, que j'aspire à votre affection.

DIONYS

.

Ô Dieux ! Qu'ai-je entendu, tu me dois ôter l'âme,

Traître, avant le bonheur de me ravir Madame

Mais ce pauvre abusé ne heurte qu'un rocher,

Que mon sujet unique à l'honneur de toucher,

AMÉLIE

.

Je demeure confuse, en cet honneur extrême,

Car un sujet puissant défend que je vous aime,

Ma foi s'est engagée, et (vous seul excepté,)

Le plus beau des mortels a pris ma liberté ;

Vous plaisez à mes yeux, il faut que je le die,

Mais je sais ce qu'au ciel déplaît la perfidie,

Ce crime est le plus noir qui souille ses autels,

Et qui lui fit jamais détester les mortels ;

Dieux, quel malheur m'engage à l'amitié d'un autre ?

Que ne puis-je, Monsieur, être constante et vôtre ?

DIONYS

.

Que je trouble point votre ardente amitié,

Je ne demande pas, un seul trait de pitié,

Je connais mes défauts, et cette connaissance,

M'assure que ma voix seulement vous offense,